Grand Paris, Transport et Numérique

Ce matin, le Club Ville, Rail et Transports m’a proposé d’animer une matinée consacrée à des présentations d’une demi-douzaine de startups et projets d’intraprenariat liés au numérique dans les transports.

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Je partage avec vous mon speech introductif :

Bonjour à toutes et à tous,

Il y a quelques années j’étais encore cadre dans un grand groupe de transport (celui qui nous a offert le petit déjeuner). J’aurais pu être à vos côtés, assis dans cette salle. Nous aurions sans doute écouté plus ou moins studieusement les prévisions de consultants sur l’évolution démographique des populations, l’étalement urbain et le coût du transport. Nous aurions sûrement échangé sur l’intermodalité, la planification urbaine et les nouvelles sources de financement du transport de demain.

Mais, comme dit la publicité : « ça, c’était avant ». Avant que 90% de la population ait un mobile et que l’on puisse déclarer ses revenus avec. Avant la géolocalisation, le « one-click » et le big data. C’était avant que des startups totalement extérieures à votre secteur changent la manière dont on conçoit, produit et consomme les services de mobilité. Avant Google Maps, Waze et Moovit. Avant Uber, Blablacar et Didi Dache. Etc,…
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Le logiciel dévore le monde. Beaucoup pensaient le transport public en dehors de la mondialisation et du numérique. Aujourd’hui il est au cœur de batailles à coup de milliards entre géants industriels et du numérique. En ce moment des constructeurs automobiles, Facebook et Uber s’affrontent pour le rachat de la solution de cartographie Nokia Here. Cet été Google lance ses propres voitures sur les routes américaines. Et en plus, elles n’auront pas besoin de conducteurs. Un transporteur, pardon, une société technologique – Uber – est même devenu le symbole de la rupture en cours, chacun se demandant s’il allait se faire « ubériser ».

Donc ce matin nous sommes là au cœur de ces changements, à essayer de comprendre et d’agir.

Permettez-moi d’utiliser trois citations pour introduire cette matinée.
La première est une citation d’un investisseur célèbre de la Silicon Valley, Peter Thiel. Dans son manifesto, le co-fondateur de Paypal a écrit : « qu’est-il arrivé à notre futur ? Nous voulions des voitures volantes, et nous avons eu 140 caractères ». La plus grande invention en matière de mobilité n’est pas la voiture volante ou le moteur à hydrogène, mais le smartphone et les applis qui sont lancées tous les jours pour améliorer notre quotidien. En résumé, le numérique est l’avenir de la mobilité. Ce qui nous amène à la seconde citation d’Eric Schmidt, le CEO de Google : « le fait que la voiture ait été inventée avant l’ordinateur est un bug (…) Votre voiture devrait se conduire toute seule, c’est un non-sens qu’elle soit conduite par des humains ».
Mais en quoi le numérique peut-il « débuguer » le transport ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre ce matin, grâce aux différents intervenants choisis par la rédaction de Ville Rail et Transports

1. Le numérique permet l’optimisation de l’offre et de la demande de mobilité

Être transporteur, c’est répondre à la demande de transport par une offre adaptée.

Plutôt que « toujours plus » d’offre de transport – routes, infrastructures, tramways, métros – ou en termes de contraintes collectives – congestion, limitations,… nous pouvons désormais à agir sur la demande individuelle, en proposant de subtils mélanges de contraintes et incitations : exemples avec les projets de « péages positifs » menés par Egis, filiale du groupe Caisse des Dépôts à l’étranger. Plutôt que de planifier l’offre sur la base de prévision de la demande, nous découvrirons la startup Padam qui propose un service de minibus partagés dont les itinéraires sont adaptés à la demande en temps réel grâce à un algorithme perfectionné. Des ingénieurs de Systra nous présenteront l’application Cycl’où , un service qui prédit l’occupation des stations de Velib’. Stéphane SAVOURÉ nous montrera comment Koolicar permet de partager votre propre voiture ou celles de votre entreprise.

padam

Les frontières s’estompent entre transport public et privé, collectif et individuel, prévu et à la demande. Et ce n’est que le début.

2. Le numérique permet de changer la manière même d’innover

Les entreprises gagnantes à l’ère du numérique ne sont pas celles qui produisent l’ensemble de la chaîne de services, mais celles qui réussissent à attirer le plus de développeurs, fournisseurs, partenaires, autour de leurs solutions. Pensez à l’App Store d’Apple et Android. Ne pensez plus en termes de clients, fournisseurs, sous-traitants et concurrents. Demandez-vous si l’essentiel de la puissance et de la créativité ne seraient pas à l’extérieur de votre organisation, et comment en tirer parti.

Dans cet esprit, Canal TP va nous présenter navitia.io, une interface de programmation qui permet à des développeurs externes à l’entreprise de réutiliser facilement les données ouvertes de transport. Le code source même de navitia.io est ouvert aux développeurs qui peuvent l’améliorer. Cycl’où est également issue de données « plus ou moins » ouvertes du service Vélib. Toujours avec des données ouvertes, mais du monde entier, la startup Plume Labs nous montrera comment révolutionner la manière d’informer et sensibiliser les populations sur la qualité de l’air qui nous entoure.

plumelabs

Enfin, Orange nous présentera FluxVision, sa solution de valorisation des données de transport destinée aux entreprises et collectivités.

Données, code, interfaces, écosystème ouverts ou fermés, il est temps pour vous d’assimiler ces nouveaux enjeux.

3. Le numérique permet des innovations de rupture, celles qui changent le modèle d’affaires et la manière même dont le problème est résolu.

Moduler la réglementation ou le coût du déplacement selon la demande, adapter son itinéraire plutôt que d’empiler des lignes de transport, partager des véhicules plutôt que les posséder, sont des innovations de rupture. Celles-ci peuvent intervenir dans toute la chaîne de services. Ainsi, la startup Joul nous présentera sa solution ZenBus, qui permet à l’aide d’un simple smartphone de géolocaliser les bus en temps réel et envoyer l’information au PC d’exploitation et aux voyageurs. Comparez cette solution à votre dernier projet de SAEIV, et vous comprendrez tout le potentiel de ces jeunes pousses qui vont s’exprimer devant vous ce matin.

Ce qui m’amène à ma troisième citation. Elle nous vient de Bill Gates, un vieux de la vieille, comme moi. Interrogé par un journaliste sur ses concurrents, Bill Gates répondit : « je n’ai pas peur de mes concurrents, j’ai peur du type dans son garage en train de créer un produit qui va changer le monde ». Je ne sais pas si l’un de ceux qui vont s’exprimer ce matin va changer le monde. Mais je fais le pari que, dans quelques années, certains d’entre eux ne seront plus de ce côté-ci de la scène à pitcher leurs projets, mais de l’autre parmi vous à les écouter.

Madame, Messieurs, c’est à vous !

image d’en-tête source : Société du Grand Paris, visualisation des temps de parcours du futur métro (voir ici)

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